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La RDC ou l’échec des idées

Updated: Apr 1, 2022

La qualification de nos Léopards pour la prochaine coupe du monde aurait été une incroyable liesse populaire, mieux une fête nationale. En revanche leur débâcle est passée comme une lettre à la poste. Le malaise n’aura duré que quelques heures. Pour beaucoup même, l’instant du coup de sifflet final.

Pis encore, cette défaite ne nous a pas étonné. Elle ne restera pas dans l’imagerie populaire comme une plaie ouverte, une déception fondamentale de ce que cela veut dire qu’être Congolais. J’en veux pour preuve que personne ne donnait cher du parcours des Léopards en coupe du monde en cas de qualification.

Le fait est que nous nous sommes accoutumé à l’échec collectif. La victoire est désormais individuelle. Tel le serial buteur de l’équipe perdante, on finit par se contenter de ses prouesses personnelles ; l’équipe ? C’est l’affaire de quelqu’un d’autre : entraineur incompétent, dirigeants sportifs incapables, ou même supporters absents.


A quoi cela est-il dû ?

A l’échec des idées.


Le sociologue Barry Swartz argue que le rôle des idées est essentiellement de nous permettre de comprendre le contexte social dans lequel nous évoluons et de le façonner à notre image. Une des caractéristiques principales des idées est qu’elles fonctionnent comme des virus. Bonnes ou mauvaises, elles s’adaptent à l’environnement. Elles n’ont besoin que d’un facteur principal pour perdurer : Etre adoptées par le plus grand nombre.

Elles deviennent alors un mode de pensée, une constance sociale, presque une coutume. C’est là donc le danger de la pauvreté des idées.


Alors lorsque par un concours de circonstances, le congolais lambda se fait à l’idée que son espace vital est globalement médiocre, lorsqu'il ne se choque plus de la décadence de ses mœurs, de la chute de ses standards intellectuels ou encore de la pollution de son environnement de vie, l’idée a suivi son cours et est devenue la norme.

La RDC entretient désormais une relation tordue avec ses idées.


A quel moment avons-nous donc introduit ces conceptions qui, par la force de leur adoption, ont créé des résultats qui ont vérifié leurs théories ?

Pouvons-nous nous pencher sur chaque pan de notre société et nous poser la question du moment auquel il été infecté par ce virus ?


A quel moment avons-nous été amené à penser que nous ne méritions plus d’avoir un des meilleurs systèmes éducatifs en Afrique ?

A quel moment avons-nous été amené à penser que l ’autosuffisance alimentaire par nos seules terres congolaises était un mirage ?

A quel moment avons-nous été amené à penser qu’il était impossible pour un athlète Congolais de gagner une médaille Olympique ?

A quel moment est-ce que relier Lubumbashi à Mbandaka par route est-il devenu une prouesse technologique ?

A quel moment est-ce que des ordinateurs made in Congo fabriqués à l’aide de notre propre Cobalt sont-ils sortis de la logique ?

A quel moment est-ce que toutes cette marge de possibilité s’est-elle tellement affaissée qu’il est devenu presque impossible de l’imaginer ?


Ceci est loin d’être une problématique politique mais une gangrène sociale.


Il y a dans notre environnement un certain nombre de lois figées. L’apesanteur est ma préférée. Celui qui en doute peut la vérifier en essayant de sauter du sommet d’un immeuble sans se briser en mille morceaux. L’apesanteur est infaillible. Mais les idées fondamentales qui ont donné naissance aux comportements sociaux, elles, ne le sont pas. Elles peuvent muter, s’adapter, se transformer, s’améliorer ou empirer. Et pour cause, selon l’anthropologue Cliffort Geertz, l’être un humain est un animal éternellement incomplet, il est en perpétuelle construction.


Penser que la révolution des idées passe d’abord par les injonctions d’un état omniprésent est comme penser que la rémunération est la seule motivation nécessaire à la productivité.

Ce mode de pensée émanant de la révolution industrielle a très vite montré ses limites lorsqu’il a fallu faire évoluer les cerveaux vers des taches plus conceptuelles que mécaniques. Un nombre important d’études démontrent l’inutilité de la rémunération comme vecteur de motivation lorsqu’il s’agit de faire appel aux idées.


Nous sommes les acteurs de l’évolution de nos idées. Mais cette évolution est volontaire. Il faut la vouloir personnellement, consciemment, presque religieusement.

C’est de l’idée que nait le mode de vie qui crée et façonne les structures et institutions qui font une réalité sociale.

Le mode de pensée d’une société n’est autre que la somme des idées individuelles de ceux qui la constitue.

Tout commence par l’idée ; et derrière l’idée il y a l’humain, l’individu,vous, moi, nous, collectivement.


Alors, ne fuyions pas, réévaluons constamment nos idées, posons-nous continuellement la question de ce que celles-ci apportent à notre environnement immédiat, demandons-nous inlassablement quelles structures sociales sommes-nous en train de faire perdurer à travers elles, surveillons nos idées comme le lait sur le feu. Il est question de notre survie entant que nation.


Gaëtan Munkeni

 
 
 

1 Comment


Mike Mukaba
Mike Mukaba
Apr 07, 2022

Changeons nos idées, changeons nos pensées

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